En ce moment, mon maître n'arrête pas d'en parler. Dès qu'il y a du monde à la maison ou, quand ce n'est pas le cas, dès qu'il arrive à m'attirer à coups de croquettes, c'est la même rengaine : les élections municipales approchent, ça va être passionnant.
Quand il me répète cela, je me contente de manger, faisant celui qui n'est pas concerné.
Mais il faut reconnaître qu'il m'a mis la puce à l'oreille. Alors j'ai commencé par prêter attention aux affiches qui fleurissent en ce moment dans les rues. "Tous pour Colombes" contre "Ensemble pour Colombes" ou "Union pour Colombes". En quoi sont-ils différents et quel message cherchent-ils à faire passer, cela reste un mystère. Il y a aussi "La ville nouvelle version", mais là, j'avoue, je dois être bête, je n'ai pas compris. Au moins, la bataille entre "la relève" et "Une valeur sûre" est claire.
Dire que c'est cela qui passionne mon maître… J'ai dû rater quelque chose.
J'ai quand même fait l'effort, au moins celui de comprendre quels étaient les gros et petits poissons en présence (aujourd'hui, parce que mon maître a l'air de penser que toutes ces hirondelles ne verront pas le printemps). Il y a donc le maire sortant, entouré sur son affiche de ce qui pourrait être sa prochaine équipe (c'est ce que j'ai compris, en tout cas). Contre lui, ceux qui veulent être califes à la place du calife. La "valeur sûre" du grand parti de droite qui a goûté aux fonctions et qui rêve d'y retourner. Monsieur "union", du même parti mais qui fait sécession, la "relève" centriste avec d'anciens conseillers municipaux, la "nouvelle version" du centre, plus au centre que les précédents (à moins que ce ne soit l'inverse). Il y a également les zombies motivés, qui reviennent d'entre les morts à chaque élection. Enfin, mon instinct de survie me dit qu'il y a forcément quelque part une bête tapie dans l'ombre. Pas d'affiche, pas de candidat, pas de programme, mais elle va surgir au moment de mettre les bulletins dans l'urne pour faire le plein.
En attendant, ce n'est pas avec ces informations que je comprends l'intérêt que porte mon maître à ce début de campagne. Tout cela ne vaut pas une bon repas suivi d'une sieste sur le canapé où il ne veut pas que je perde mes poils. Qu'il me réveille quand il sera réellement question du bien être des habitants plus ou moins poilus de notre ville.
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